Moïse Dodji Mafongoun, accède au grade de docteur en Sciences de Gestion avec la mention très honorable, félicitation et recommandation de publication, après avoir soutenu sa thèse consacrée aux« Stratégies de coopétition et performance des organisations de l’économie sociale et solidaire : une analyse des mécanismes au sein des sociétés coopératives agricoles au Togo » à l’Université de Douala.
Ses recherches apportent des éclairages sur les dynamiques de coopétition et leur impact sur la performance des coopératives agricoles togolaises.
Dans l’introduction de sa présentation, Moïse Dodji Mafongoun définit la coopétition comme étant un concept récent en management stratégique qui consiste en la combinaison des stratégies de coopération et de compétition entre entreprises. D’après Brandenburger et Nalebuff (1995), la coopétition est définie comme une stratégie où des entreprises, même concurrentes, collaborent dans certains domaines tout en restant en compétition dans d’autres. Ce concept permet aux entreprises de maximiser leurs ressources et d’optimiser leur position sur le marché.
Il existe diverses typologies de la coopétition : d’ abord, la coopétition horizontale qui implique la collaboration entre concurrents opérant au même niveau de la chaîne de valeur. Elle favorise le partage de ressources et d’informations pour améliorer l’efficacité opérationnelle. Ensuite, la coopétition verticale qui concerne la coopération entre entreprises situées à différents niveaux de la chaîne de valeur comme les fournisseurs et les distributeurs. Elle optimise les processus d’approvisionnement et améliore l’accès aux marchés. Enfin, la coopétition perpendiculaire combine les éléments des coopétitions horizontale et verticale. Elle permet aux entreprises de bénéficier simultanément des avantages de la coopération horizontale et verticale, créant ainsi des synergies positives (Chiambaretto, 2011).
Ce qu’il faut comprendre de ses recherches doctorales
Dans le courant des entreprises de l’économie sociale et solidaire, les sociétés coopératives agricoles (SCA) sont des acteurs essentiels pour le développement économique et social du Togo, contribuant à la lutte contre la pauvreté, à l’autosuffisance alimentaire, et à la création d’emplois. Cependant, ces organisations doivent évoluer dans un environnement concurrentiel tout en respectant leurs valeurs de solidarité et de coopération.
La coopétition : clé de la performance des sociétés coopératives au Togo
La coopétition, ce jeu d’entraide et de compétition, permet aux sociétés coopératives agricoles de bénéficier de ressources partagées, de réduire les coûts et d’accroître leur capacité d’innovation. En collaborant avec des concurrents, les coopératives peuvent accéder à de nouvelles technologies, partager des infrastructures coûteuses et atteindre des marchés plus vastes tout en maintenant leur compétitivité.
L’impétrant a présenté quelques repères théoriques, les enjeux et avantages de la coopétition dans les sociétés coopératives agricoles. Il a défini les typologies de la coopétition.
Cette soutenance a permis de voir également d’autres aspects que Moïse Dodji Mafongoun a exposés, notamment le concept de performance dans les coopératives agricoles.
Les coopératives agricoles n’ont pas une vocation de maximisation du profit comme les entreprises commerciales. La performance de ces coopératives agricoles est évaluée à travers plusieurs dimensions : l’avantage concurrentiel, la satisfaction et la fidélisation de la clientèle, l’efficacité de la force de vente et l’inclusion socioéconomique. Ces dimensions permettent de mesurer l’efficacité globale des coopératives au-delà des simples indicateurs financiers (Donovan et al., 2017).
M. Mafongoun a aussi parlé des théories explicatives de la performance. Pour analyser la performance des organisations de l’économie sociale et solidaire, trois théories principales sont mobilisées : la première est la théorie des coûts de transaction (Williamson, 1981), qui analyse les coûts engendrés par les échanges économiques et la coordination des activités. Ensuite, la théorie de l’agence (Jensen et Meckling, 1976), qui étudie les relations contractuelles et les conflits d’intérêts entre les différents acteurs économiques. Troisièmement, il y a la théorie des parties prenantes (Freeman, 1984), qui prend en compte les intérêts de toutes les parties impliquées dans l’activité de l’organisation, incluant les employés, les clients, les fournisseurs et la communauté.
La recherche du Dr Mafongoun adopte un positionnement épistémologique fondé sur le paradigme du post positivisme. Il combine des approches qualitatives et quantitatives et des allers et retours dans la littérature. Il part d’un examen de pré-exploratoire au sein de l’administration en charge de l’agriculture au Togo, de quelques agriculteurs, ensuite une étude exploratoire qualitative en recourant aux entretiens semi-directifs après 32 agriculteurs togolais et une enquête quantitative sur un échantillon de 317 responsables de coopératives. Les analyses ont été réalisées avec les logiciels NVIVO 14, SPSS 25 et AMOS 18.
Les résultats montrent que les stratégies de coopétition (horizontale, verticale et perpendiculaire) ont une influence positive sur la performance des SCA, notamment sur l’avantage concurrentiel, la satisfaction et la fidélisation de la clientèle, l’efficacité des agriculteurs en termes de la force de vente, et l’inclusion socioéconomique. La coopétition horizontale se révèle particulièrement bénéfique, tandis que la coopétition verticale n’améliore pas significativement l’avantage concurrentiel.
Cette thèse offre des contributions théoriques et pratiques importantes. Elle propose d’intégrer la coopétition dans la gestion des SCA comme levier de performance, et peut servir de guide pour les politiques publiques visant à renforcer le secteur agricole togolais.
La richesse de cette thèse réside dans la proposition factuelle d’un cadre stratégique de mise en œuvre de ses recommandations qui peuvent être implémentées par les agriculteurs, les ONG engagées dans la structuration du monde agricole et par le ministère chargé de l’Agriculture au Togo.
Le Dr Moïse Dodji Mafongoun est engagé depuis longtemps dans le monde professionnel. Il est expert en étude de marché et business plan en Afrique de l’Ouest ; en audit organisationnel et management de la qualité (norme ISO 9001-2015) ; en design produit, et politique de marchéage ; en conseils en marketing et communication bancaire et microfinance ; en conseil en marketing politique et territorial.
Il est désormais engagé à promouvoir les implications de sa recherche pour le développement du secteur agricole et de l’économie sociale et solidaire au Togo.
