Après 12 mois d’intérim, Yawo Seyram Adiakpo a récemment été confirmé au poste de coordonnateur national de WANEP-Togo. Diplômé d’un master en droit public fondamental de l’Université de Lomé et d’une licence en droit public et sciences politiques de l’Institut des Hautes Études des Relations Internationales et Stratégiques (IHERIS), M. Adiakpo succède à Da-do Nora Noviekou, qui a dirigé l’organisation de 2014 à 2024.
Dans ses nouvelles fonctions, il entend consolider les acquis de WANEP-Togo en matière de promotion de la paix, de prévention des conflits et de gestion des crises.
Entré dans l’organisation en 2020, Seyram Adiakpo a gravi les échelons : chef de projet (2020), chargé du programme Recherche et Plaidoyer (2021), puis responsable des programmes et du suivi-évaluation (2021), poste qu’il occupait avant sa nomination comme coordonnateur national par intérim.
Dans cet entretien exclusif accordé à Imagine Demain, il revient sur le rôle, les actions et les succès de WANEP-Togo, tout en dévoilant ses ambitions en tant que nouveau coordonnateur national.
Quelles sont les actions de WANEP-Togo ? Et en particulier de sa branche togolaise ?
WANEP-Togo est la branche togolaise du Réseau ouest-africain pour l’édification de la paix. Il est le premier réseau thématique travaillant sur la paix et la sécurité au Togo. Réseau constitué de 16 organisations membres, sa mission est de contribuer à la consolidation de la paix dans une approche de non-violence et de tolérance,en offrant des services de prévention, gestion, résolution et transformation des conflits aux institutions étatiques, aux organisations de la société civile (OSC), aux collectivités locales ainsi qu’aux citoyens.
Les actions de WANEP-Togo s’inscrivent dans la prévention et la transformation des conflits.
WANEP-Togo opère grâce à l’alerte précoce à la médiation, au plaidoyer et à la recherche. Grâce à son système d’alerte précoce « National Early Warning System » (NEWS-Togo), WANEP-Togo rend disponible aux acteurs, des rapports de la situation de paix et de sécurité, qui ont pour but d’éclairer leur prise de décisions.
L’idéal poursuivi par WANEP-Togo est la recherche inclusive d’une paix durable. Tant les jeunes que les femmes et les groupes minoritaires devraient participer à l’édification de la paix. C’est en cela que WANEP-Togo fournit tous les efforts qui sont en son pouvoir pour contribuer à la réalisation de l’agenda Jeunesse Paix et Sécurité et du programme Jeunesse Paix et Sécurité.
Dans cette veine, plusieurs actions d’engagement des femmes et des jeunes sur les actions de prévention et de résolution des conflits, de lutte contre les violences basées sur le genre, et d’action sur les défis affectant ces derniers ont été réalisées dans toutes les régions du pays. Pour rendre compte de cela, des cadres d’échanges et de partage d’expérience entre jeunes et responsables municipaux et communautaires ont été créés dans 8 communes de la région des savanes.
De plus, au regard de l’insécurité grandissante du fait de l’expansion de la crise sécuritaire au Sahel, WANEP-Togo a réalisé avec le Comité Interministériel de Prévention et de Lutte contre l’Extrémisme Violent (CIPLEV), le projet de Renforcement de la résilience du Togo face à l’extrémisme violent dans un contexte d’insécurité sous régionale. Ce projet a permis de doter le pays d’une Stratégie Nationale de Prévention et de Lutte contre l’Extrémisme Violent (SNAPLEV) et de renforcer les capacités des communautés afin de leur permettre de faire face efficacement à la montée du radicalisme.
Enfin ces dernières années, conscient du rôle de la précarité dans la radicalisation, et afin de soutenir les efforts de l’Etat, WANEP-Togo a contribué à appuyer les initiatives d’activités génératrices de plus de 800 jeunes et femmes dans les régions des savanes, centrale et maritime, afin de faire de ceux-ci des ambassadeurs de paix et de non-violence.
WANEP-Togo voudrait saluer de façon appuyée le soutien de tous ses partenaires étatiques et internationaux, ainsi que les partenaires de la société civile togolaise et les leaders communautaires sans lesquels ces réalisations n’auraient pas été possibles.
Quels sont les principaux leviers qui ont permis à WANEP-Togo d’atteindre la première place du classement WODI 2024, et comment comptez-vous capitaliser sur cette performance ?
Le WODI est le « WANEP Organisational Development Index », en français, l’indice de développement organisationnel de WANEP. Il s’agit d’un système mis en place par le WANEP Régional, afin d’encouragerles réseaux nationaux à la bonne gouvernance, la redevabilité et la performance.
Le mécanisme WODI repose sur 73 indicateurs à renseigner, organisés autour de 5 piliers subdivisés en 19 sous-piliers. Les piliers clefs du WODI sont :
- Environnement légal (5 Indicateurs) ;
- Leadership et gouvernance (10 Indicateurs) ;
- Réseautage et capacités organisationnelles (28 Indicateurs) ;
- Gestion comptable et financière (24 Indicateurs) ;
- Impact et visibilité (6 Indicateurs).
En tenant compte de cet indice, WANEP-TOGO, tout comme ses pairs s’est conformé à cet exercice organisationnel et nous sommes heureux d’annoncer que pour le compte de l’année 2024, WANEP-Togo occupe la place du meilleur réseau avec un score de 93,42%.
Par ailleurs, du point de vue de la gestion financière et de respect des règles financières, WANEP-Togo occupe la 2ème place, avec un score de 89,40% après le Bénin qui a obtenu un score de 89,63%. Et, en matière d’alerte précoce, le WANEP-Togo reste dans le Top 3 des meilleurs contributeurs aux efforts de prévention et de résolution pacifiques des conflits au travers du système NEWS (National Early Warning Response) en sortant 2ème après le Sénégal qui prendra la 1ere place sur les 15 réseaux nationaux.
Les leviers qui ont permis au réseau de se hisser à ces niveaux est la compliance aux règles qui gouvernent la vie associative, la gestion administrative et financière et enfin la recherche de l’excellence. Nous pouvons également assurer que le travail abattu par nos prédécesseuses a été d’excellente qualité, créant une situation propice qui nous permet de faire mieux.
Après avoir travaillé comme Coordonnateur national en intérimaire pendant quelques mois, vous venez d’être confirmé dans cette fonction. Quelles sont vos perspectives pour l’organisation ?
Nous ambitionnons de continuer à contribuer de façon significative à l’architecture de paix du Togo et à positionner notre organisation à un niveau de maturité encore plus élevé en lui assurant une plus grande stabilité financière et institutionnelle. En clair, mon rêve est très simple, accroître la présence de l’institution, lui assurer son autonomie et durabilité financière, de sorte que nous soyons plus résilients face à la diminutiondu nombre des partenaires financiers. Enfin, nous estimerons également avoir réussi, si l’organisation est enfin propriétaire de son siège.
WANEP-Togo suit son plan stratégique qui se terminera dans un an. Comment se déroule sa réalisation ?
Bien qu’émaillé de défis, nous estimons que la mise en œuvre de ce plan stratégique a été une entreprise passionnante riche en leçons. Ce fut un plan ambitieux, et nous n’avions pas toujours les moyens au rendez-vous pour le réaliser. Cependant, nous avons, en innovant, réussi à atteindre des résultats significatifs.
Cette année, le plan stratégique 2021-2025 expirera. Des travaux sont en cours au niveau régional de WANEP pour mettre en place le prochain plan stratégique. A partir de celui-là, pour des raisons de cohérence institutionnelles, les réseaux nationaux, dont le nôtre concevront leur plan stratégique.
Quels projets WANEP-Togo pour cette année ? Comment sont souvent accueillies vos actions sur le terrain ?
Au cours de cette année, nous prévoyons des actions d’engagement des jeunes et des femmes, des actions de résolution de conflits communautaires, des actions de soutien de la résilience économique des jeunes et des femmes face à l’extrémisme violent, et au-delà de tout cela, nous allons continuer notre action de monitorage de la situation de paix et de sécurité dans le pays, en fournissant aux acteurs clé, des données d’excellente qualité pour guider leur prise de décision.
Enfin, nous avons un bon accueil sur le terrain. La paix est l’idéal poursuivi par tous. Même si les parties ne parlent pas le même langage, ils ont tous un intérêt à avoir la paix. Nous reconnaissons le rôle que les leaders des communautés à la base jouent dans l’efficacité de nos actions. Ils portent littéralement nos actions et s’en approprient, faisant en sorte qu’elles puissent jouir d’un bon accueil auprès des populations. Et pour cela, nous sommes reconnaissants.
Vous travaillez avec des partenaires, qui sont-ils et quel est le partenariat qui vous lie ?
Notre travail est rendu possible, grâce à l’appui du WANEP Régional basé à Accra et de nos partenaires à tous les niveaux. Entre autres, ce sont principalement, Pain Pour Le Monde, l’Union Européenne, les agences du système des Nations Unies (PNUD, UNFPA, UNICEF notamment), l’Ambassade des Etats-Unis au Togo, l’USAID, le GIZ, avec lesquels nous avons des partenariats de mise en œuvre d’activités.
Les institutions de la République (la CNDH, Le Médiateur de la République, …), le HCRRUN, les ministères (Ministères de la sécurité et de la protection civile ; de l’administration territoriale ; des armées ; de l’action sociale ; des droits de l’Homme ; de la réglementation de la transhumance),les agences spécialisées de l’Etat tels que le Comité Interministériel de prévention et de lutte contre l’extrémisme violent (CIPLEV), l’Agence Nationale de la Protection Civile, le Programme d’urgence pour renforcer la résilience et la sécurité des communautés (PURS) sont également des partenaires qui facilitent la conduite des activités.
Enfin, les entités déconcentrées (gouverneurs et préfets), décentralisés (communes) de l’Etat et les leaders communautaires, ainsi que les ONG internationales et locales sont des acteurs avec lesquels nous collaborons.
Il faut également mentionner que WANEP-Togo a signé des conventions de partenariats avec l’Université de Lomé, l’Institut Régional d’Enseignement Supérieur et de Recherche en Développement Culturel (IRES-RDEC), le Cercle Panafricain de Recherche sur la Sécurité, la Paix et le Développement (CPR-SPD) et la Clinique d’Expertise Juridique et Sociale (CEJUS).
A tous ces acteurs, nous voulons exprimer notre gratitude pour la qualité de la collaboration et pour tout ce qui se fera.