La transition énergétique et l’agriculture durable seront au cœur des débats lors des « BOAD Development Days », les 12 et 13 juin prochains à Lomé. L’événement, qui réunira décideurs politiques, partenaires techniques et financiers, experts et acteurs du développement, portera sur le thème : « le financement de la transition énergétique et de l’agriculture durable : défis, opportunités et solutions ». Parmi les deux grands axes de discussion figure cette question essentielle : « Quels défis pour l’accès universel à l’électricité dans l’UEMOA face à la transition énergétique ? »
L’énergie, une cible prioritaire pour la BOAD
Dans l’espace UEMOA, le taux d’accès à l’électricité reste faible : 44 %, contre 90 % au niveau mondial et 48 % en Afrique subsaharienne. Le fossé entre zones urbaines (77 % de couverture) et zones rurales (moins de 20 %) reste préoccupant. Cette situation freine l’accès aux services sociaux de base et affecte la compétitivité des économies, d’autant que les tarifs de l’électricité y demeurent élevés. À titre de comparaison, le kilowattheure coûte environ 100 FCFA dans l’UEMOA, contre 38 FCFA au Bangladesh.
L’énergie, combinée aux ressources naturelles, est l’un des cinq secteurs prioritaires d’intervention de la BOAD. L’institution accorde une attention particulière à l’accès équitable à l’énergie, tout en intégrant les impératifs de réduction des émissions de CO₂ issues de la production thermique.
Une ambition portée par le Plan stratégique Djoliba
Le Plan Djoliba 2021–2025, feuille de route stratégique de la BOAD, prévoit 3 300 milliards de FCFA d’investissements, dont plus de 20 % sont destinés au secteur de l’énergie. À six mois de l’échéance de ce plan, la BOAD reste alignée sur ses objectifs.
« Depuis le lancement du Plan Djoliba, les financements se répartissent comme suit : 36 % pour les infrastructures, 20 % pour l’énergie, et 19 % pour l’agriculture », indique la BOAD.
L’objectif est de renforcer l’offre énergétique, préparer la transition vers les énergies renouvelables, notamment le solaire — actuellement, 61 % du mix énergétique restent thermique, contre 39 % issus des énergies renouvelables — et soutenir l’intégration sous-régionale à travers des projets d’interconnexion électrique.
Intégration sous-régionale et soutien aux projets structurants
La BOAD veut favoriser un meilleur accès des populations aux services énergétiques, via des incitations au raccordement et un appui au financement des réseaux. Elle entend également soutenir la viabilité financière du secteur, tout en facilitant le développement d’un marché régional de l’énergie, sous l’égide du WAPP (Système d’Échange d’Énergie Électrique Ouest Africain).
Les besoins énergétiques de l’UEMOA sont estimés à 69 000 GWh en 2023. Pour y répondre, trois pôles énergétiques ont été identifiés, selon les ressources disponibles :
- Le Pôle Énergétique de la Côte d’Ivoire, reposant sur l’hydroélectricité, le gaz, le solaire et la biomasse, couvre la Côte d’Ivoire, le Bénin, le Burkina Faso, le Mali et le Togo.
- Le Pôle Énergétique du Niger, basé sur les ressources pétrolières, gazières, minières et solaires, regroupe le Niger, le Bénin, le Burkina Faso et le Togo.
- Le Pôle Énergétique du Sénégal, axé sur le gaz, l’hydroélectricité et le solaire, inclut le Sénégal, la Guinée-Bissau, le Mali ainsi que certains pays voisins non membres de l’UEMOA.
À travers son engagement stratégique, la BOAD entend pleinement jouer son rôle de catalyseur de la transition énergétique dans la sous-région.