Par Cyrille Djami, Consultant en Communication Stratégique et d’influence, Fondateur de CommsOfAfrica
Une fonction devenue stratégique
La communication institutionnelle en Afrique francophone n’est plus un simple outil d’accompagnement. Trop souvent réduite à l’événementiel ou au protocole, elle est désormais une fonction stratégique qui façonne la perception, la confiance et la crédibilité de nos institutions et entreprises.
Au cours des cinq dernières années, des progrès concrets ont été observés. Directions de communication structurées, agences locales capables de rivaliser avec des groupes internationaux, écosystème médiatique en maturation : autant de signes que la profession se renforce. Les formations spécialisées se multiplient dans les écoles et universités, préparant les communicants de demain. Mais les écarts persistent : certains pays disposent d’offres de formation limitées, et la professionnalisation reste inégale. Dans de nombreuses organisations, la communication conserve encore un rôle secondaire, ce qui limite son impact sur la décision stratégique et sur l’image de l’institution.
Des pays comme le Maroc ou le Bénin montrent l’exemple en investissant dans des stratégies ambitieuses de communication. Ces initiatives démontrent que la fonction peut devenir un levier central de gouvernance et d’influence lorsqu’elle est pensée avec cohérence et vision.
Les défis urgents
Trois enjeux principaux conditionnent l’efficacité de la communication institutionnelle.
Le premier est la crédibilité. Trop souvent, les dispositifs restent descendantes et déconnectés des réalités locales, alors que citoyens et consommateurs exigent transparence et redevabilité. Certaines initiatives illustrent pourtant le chemin à suivre. En République Démocratique du Congo, le ministre Patrick Muyaya a instauré des briefings presse réguliers, permettant aux médias et au public de suivre directement l’action gouvernementale. À Brazzaville, Thierry Moungalla a lancé la Quinzaine du Gouvernement, un moment dédié au compte rendu systématique des initiatives et décisions. Ces dispositifs rendent tangibles les engagements et démontrent que la communication peut renforcer la confiance.
Le deuxième défi est la digitalisation. Les réseaux sociaux offrent une opportunité unique de toucher directement les publics, mais ils exposent aussi les institutions à des crises réputationnelles rapides. Publier ne suffit plus : il faut comprendre les codes, les usages et les attentes de chaque audience. Dans ce contexte, les communicants doivent concevoir des contenus adaptés, interactifs et stratégiques, au-delà de la simple diffusion d’informations.
Le troisième défi concerne les talents. Les profils seniors capables de dialoguer à haut niveau avec dirigeants et décideurs restent rares. Les jeunes professionnels, même bien formés, manquent souvent de mentorat et certains choisissent de s’expatrier vers des marchés plus attractifs. Pourtant, des initiatives existent pour inverser cette tendance : des programmes de mentorat interne dans certaines administrations et entreprises, ou des partenariats avec des écoles africaines de communication, contribuent déjà à renforcer les compétences locales.
La coopération interrégionale est également une clé. Les échanges entre Lagos, Abidjan, Dakar ou Nairobi enrichissent les pratiques et favorisent un apprentissage mutuel. La récente collaboration entre l’association Les Pros de la Comm’ du Bénin et la plateforme nigériane The Comms Avenue, lors de la CommsMentorshipConference, en est un exemple concret : plusieurs membres béninois ont contribué à un ouvrage collectif diffusé sur LinkedIn, illustrant la valeur des synergies transfrontalières.
L’heure de l’action responsable
Les perspectives restent encourageantes. Une nouvelle génération de communicants africains, connectés et porteurs d’une vision stratégique, émerge. La formation continue doit devenir un réflexe pour suivre le rythme du digital et des enjeux globaux. Il est également essentiel de documenter et valoriser les réussites africaines : campagnes, stratégies ou dispositifs innovants restent trop souvent méconnus au sein du continent et à l’international.
La communication de demain devra être responsable et éthique, pleinement au service de la confiance et de l’impact social. Dans un monde traversé par des crises économiques, politiques et environnementales, elle a un rôle stratégique : renforcer la cohésion, apaiser les tensions et projeter une vision partagée. L’exemple du Bénin est parlant : les autorités y déploient depuis quelques années une stratégie de Nation Branding visant à transformer le narratif sur le pays, et les résultats commencent à être perceptibles.
Enfin, la mission de CommsOfAfrica est directement liée à cet enjeu. À travers la documentation, l’analyse et la valorisation des initiatives de communication à travers le continent, le média contribue à montrer que la communication institutionnelle ne peut plus être périphérique. Elle doit devenir un levier central de gouvernance, d’influence et de confiance, capable de transformer la perception des institutions et des entreprises africaines, tant au niveau local qu’international.
La responsabilité est collective : communicants, dirigeants et décideurs doivent élever les standards, innover et rester connectés aux réalités du public. Communiquer, ce n’est pas seulement parler, c’est écouter, comprendre et donner du sens.
Cyrille Djami est un spécialiste en Communication Stratégique et d’Influence, avec une vaste expérience dans le conseil aux organisations et aux personnalités publiques. Depuis de nombreuses années, il se consacre à la création et à la gestion de l’image de marque, de la réputation et de la notoriété de ses clients, avec un accent particulier sur le continent africain.
M. Djami est également un mentor qui consacre régulièrement son temps à l’encadrement des étudiants en communication en Afrique. En tant qu’intervenant fréquent dans les médias, il partage souvent son expertise sur des sujets relatifs à la Communication et aux médias.
Cyrille Djami est un spécialiste en Communication Stratégique et d’Influence, avec une vaste expérience dans le conseil aux organisations et aux personnalités publiques. Depuis de nombreuses années, il se consacre à la création et à la gestion de l’image de marque, de la réputation et de la notoriété de ses clients, avec un accent particulier sur le continent africain.
M. Djami est également un mentor qui consacre régulièrement son temps à l’encadrement des étudiants en communication en Afrique. En tant qu’intervenant fréquent dans les médias, il partage souvent son expertise sur des sujets relatifs à la Communication et aux médias.
