À Dakar, ce 25 septembre, le Directeur Général de la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM), Dr Félix Edoh Amenounvé, a participé à la première édition du Structured Finance Africa Forum 2025, un rendez-vous de haut niveau organisé pour repenser les leviers de financement du développement en Afrique.
Lors de son intervention dans le cadre des allocutions d’ouverture, le Directeur Général s’est prononcé sur le thème : « Pourquoi la finance structurée doit-elle devenir un pilier stratégique du financement à long terme en Afrique de l’Ouest ? ».
Pour le DG de la BRVM : « La question du financement à long terme demeure l’un des plus grands défis pour les économies africaines. Infrastructures, énergie, logement, santé, transition climatique : les besoins sont immenses, plus de 100 milliards de dollars par an pour le continent », a-t-il précisé.
Selon ses explications, la finance structurée est réellement une réponse qui s’impose en complément de la finance traditionnelle, face à l’enjeu qu’il a évoqué.
« La finance structurée n’est plus réservée aux places financières matures, révèle-t-il. À l’instar de l’Asie et de l’Amérique latine, l’Afrique est devenue un nouveau terrain où les instruments éprouvés et désormais encadrés sont utilisés pour financer le développement à travers des instruments innovants : titrisation, project bonds, obligations sécurisées…».
Le dirigeant de la place boursière de l’UEMOA fait observer que « plusieurs projets structurants comme le 3ᵉ pont d’Abidjan en Côte d’Ivoire, le port de Kribi ou le barrage de Nachtigal au Cameroun démontrent déjà la puissance des instruments de la finance structurée à transformer durablement nos économies ».
Il indique que depuis 2016, plus de 1 895 milliards FCFA ont été mobilisés sur le marché financier régional de l’UEMOA via les FCTC (Fonds Communs de Titrisation de Créances, qui recycle des créances en titres financiers accessibles aux investisseurs) et les Sukuk (des instruments financiers compatibles avec le droit islamique).
« À ce jour, la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières cote 10 FCTC pour une capitalisation de 313,94 milliards de FCFA et 2 Sukuk pour une capitalisation de 46,37 milliards de FCFA, soit respectivement 2,86 % et 0,42 % de la capitalisation totale du marché obligataire dominé par les émissions classiques », affirme le DG. Et de souligner alors : « Il apparaît que des efforts restent à faire et la marge de développement est grande. »
Agir autour de 3 points clés
Dr Amenounvé détaille les trois conditions qui feront de la finance structurée un moteur de développement des économies africaines, et en particulier de notre sous-région.
D’abord, la valorisation des actifs industriels et agricoles existants, dont les terres arables non cultivées et les patrimoines immobiliers des États, pourrait servir dans la structuration de financements en vue de mobiliser davantage de ressources de long terme pour le financement des économies de la sous-région.
Deuxième point, il est possible de construire un écosystème favorable à la finance structurée avec une régulation proactive, la vulgarisation de la notation financière et les mécanismes de rehaussement de crédit, la revue des réglementations permettant aux investisseurs institutionnels (compagnies d’assurances, fonds de pension, etc.) de souscrire aux opérations de financement structuré, la tokenisation des actifs et leur négociation en Bourse, ainsi que la montée en compétence des acteurs du marché.
La troisième condition, argumentée par le haut responsable du monde financier, tient à la nature de la finance structurée qui exige vision, collaboration et engagement de tous les acteurs que sont les États, les régulateurs, les bourses, les investisseurs institutionnels et les intermédiaires financiers.
« C’est ensemble que nous ferons de la finance structurée un levier stratégique pour un meilleur financement de nos économies et la création de richesse pour un développement soutenu et durable de nos pays », a-t-il conclu.
Dans un message adressé aux organisateurs en amont du forum, Dr Félix Edoh Amenounvé avait déjà posé le cadre : « À ce stade de développement du marché financier régional de l’UEMOA, la finance structurée, qui s’appuie sur un cadre réglementaire aux meilleurs standards, doit prendre toute sa place pour élargir les horizons de financement des États et du secteur privé. La BRVM est résolument engagée à apporter sa contribution et son accompagnement à tous les acteurs afin de renforcer l’attractivité de notre place financière pour les investissements régionaux et internationaux. »

Le Forum Structured Finance Africa a rassemblé les autorités de régulation, institutions financières, investisseurs institutionnels, fintechs et partenaires techniques, venus d’Afrique, d’Europe, des États-Unis et du Moyen-Orient, soit l’ensemble des acteurs clés de l’écosystème financier africain, autour d’un objectif commun : mobiliser des capitaux à grande échelle pour financer la croissance africaine. Il est une initiative conjointe des sociétés de gestion agréées, Invictus Capital & Finance, KF Titrisation, et du cabinet de conseil stratégique, DFA (Development Finance Advisor).

