À l’approche des élections législatives et locales de septembre et octobre 2025, prévues respectivement les 27 septembre et 11 octobre, les candidats gabonais entrent dans une phase déterminante. Ces scrutins, qui permettront de renouveler à la fois l’Assemblée nationale et les conseils municipaux et départementaux, constituent un moment politique d’une rare intensité. La campagne électorale pour le premier tour s’étendra du 17 au 26 septembre, tandis que celle du second tour se déroulera du 1er au 10 octobre. Dans ce contexte, la communication politique ne se limite plus à un simple accessoire : elle devient un levier central de légitimité, de visibilité et de différenciation.
Les erreurs qui fragilisent la communication des candidats
Une erreur fréquente consiste à improviser sa communication, en la confiant à un proche ou à un “expert amateur” des réseaux sociaux. Or une campagne efficace repose sur des messages clairs, une identité visuelle cohérente et une narration percutante. Les électeurs d’aujourd’hui, mieux informés et plus exigeants, ne se laissent plus convaincre par des publications brouillonnes ou des slogans creux. Sans équipe professionnelle, difficile d’exister et de convaincre durablement.
Le candidat lui-même reste le principal vecteur de son image. Diction, posture, gestion des émotions et art oratoire sont autant de compétences qui ne s’improvisent pas. Refuser de se former ou de se préparer, c’est se condamner à stagner. La politique exige discipline, méthode et cohérence ; elle ne peut être pilotée par les conseils familiaux ou affectifs. Les décisions stratégiques doivent reposer sur l’expertise et non sur les émotions ou les liens familiaux.
L’image visuelle constitue un pilier souvent sous-estimé. Dans un environnement saturé par les réseaux sociaux et les médias, chaque photo, vidéo ou contenu devient une vitrine. Une production professionnelle traduit sérieux, crédibilité et respect envers les électeurs, tandis qu’un cliché mal réalisé peut décrédibiliser instantanément un candidat. La cohérence visuelle doit s’étendre à l’apparence, au langage corporel et au style vestimentaire, autant d’éléments qui contribuent à asseoir la légitimité du candidat.
L’importance d’une communication structurée se confirme dans les expériences africaines récentes. Au Sénégal, lors de l’élection présidentielle de mars 2024, le candidat BassirouDiomaye Faye, soutenu par le mouvement Pastef d’Ousmane Sonko, a remporté le scrutin en s’appuyant sur une stratégie de communication efficace, même en l’absence physique de Sonko. Cet exemple illustre que la communication politique peut influencer significativement la perception publique et renforcer la position d’un candidat, quel que soit son degré de présence sur le terrain.
Construire une campagne efficace et crédible
Pour les législatives et locales de 2025 au Gabon, les candidats doivent intégrer plusieurs pratiques clés pour structurer leur campagne. Il est crucial de constituer une équipe de communication professionnelle capable d’élaborer une stratégie cohérente, de gérer les réseaux sociaux, de préparer les interventions publiques et de superviser les contenus visuels. La séparation entre sphère privée et décisions stratégiques est également essentielle : les conseils familiaux ne doivent jamais remplacer l’expertise professionnelle.
Parallèlement, investir dans la préparation personnelle renforce la crédibilité et l’impact du candidat. La maîtrise de la prise de parole, la posture, la gestion des émotions et l’art oratoire sont autant d’éléments qui permettent de projeter sérieux et professionnalisme. De même, la communication visuelle et médiatique doit être soignée et cohérente sur l’ensemble des supports afin de transmettre un message clair et crédible.
La dimension numérique est désormais incontournable. Développer une stratégie réfléchie de contenus sur les réseaux sociaux, interagir avec les citoyens et suivre la réputation en ligne permettent d’atteindre et de mobiliser efficacement les électeurs. Dans un contexte où l’opinion publique peut évoluer rapidement, anticiper les situations imprévues et disposer d’un plan de gestion de crise contribue à protéger l’image du candidat et la confiance de ses électeurs.
Enfin, adopter un code de conduite éthique et promouvoir une communication inclusive et accessible sont essentiels pour renforcer la confiance du public et favoriser un environnement démocratique responsable. Multiplier les canaux – radio, télévision, réunions publiques et plateformes numériques – garantit que tous les électeurs disposent des informations nécessaires pour voter en connaissance de cause.
En s’inspirant de ces principes et de l’expérience sénégalaise, les candidats gabonais peuvent renforcer leur crédibilité, structurer leur campagne et maximiser leur impact auprès des électeurs. Une communication politique professionnelle, cohérente et éthique devient ainsi un véritable levier de succès pour les élections législatives et locales de 2025.
Tribune coécrire par :
Cyrille Djami – Consultant en Communication stratégique, éditoriale et d’influence
Jennifer Nupsia De MAYOMBO, Épouse Kangouna – Consultante en Communication