Le lundi 15 septembre, des centaines d’élèves reprennent le chemin de l’école. Comme chaque rentrée scolaire, le ministre des Enseignements primaire et secondaire, le Professeur Komla Dodji Kokoroko, a présenté aux acteurs éducatifs, les principales nouveautés prévues pour la nouvelle année scolaire.
Parmi celles-ci, on découvre l’ alternance des enseignants selon leur parcours scientifique ou littéraire dans les classe de cours moyen (CM1 et CM2), le renforcement de l’encadrement pédagogique de proximité des enseignants, ainsi que la poursuite de l’expérimentation de l’apprentissage de l’anglais dans une centaine d’écoles réparties sur le territoire, en vue de sa généralisation.
Mais l’une des innovations majeures de cette rentrée est la création de classes scientifiques de 4ᵉ et 3ᵉ, avec un accent particulier mis sur les mathématiques, la physique-chimie-technologie et les travaux pratiques. Ce sont les matières essentielles pour renforcer le cursus des élèves scientifiques, leur profil de futurs diplômés et faciliter leur insertion professionnelle.
Dans une circulaire relative à ce sujet, le ministre explique : « Dans un contexte mondial où les sciences et les technologies s’imposent comme des leviers incontournables du développement durable, les systèmes éducatifs sont appelés à repenser en profondeur leurs approches pédagogiques, afin de mieux préparer l’ensemble des apprenants, filles et garçons, au défi du XXIᵉ siècle ».
Cependant, poursuit-il, « l’analyse des données disponibles met en évidence une sous-orientation générale des élèves vers les filières scientifiques. Cette tendance concerne les deux sexes mais elle demeure nettement plus marquée chez les filles, traduisant un déséquilibre préoccupant ».
Il souligne que la proportion moyenne des filles reste inférieure à 15 % au niveau national avec de fortes disparités régionales en série C (mathématiques et sciences physiques renforcées), et qu’elles représentent seulement 25 à 30 % des effectifs en série D (sciences naturelles).
Le gouvernement togolais, qui souhaite faire de la promotion des sciences une opportunité en mettant l’accent sur l’ orientation des filles vers les filières scientifiques, a identifié des freins persistants. Parmi eux, les stéréotypes sociaux et familiaux, un encouragement insuffisant dès le premier cycle du secondaire, et l’absence de modèles féminins capables de susciter l’intérêt et l’ambition des jeunes filles.
Le ministère a donc décidé de mettre en place, cette année, un dispositif expérimental d’une classe scientifique de 4ᵉ puis de 3ᵉ dans chaque Inspection de l’enseignement secondaire général (IESG). Ainsi, détaille la note du ministre, « Les classes scientifiques de 4ᵉ et de 3ᵉ seront constituées d’un effectif équilibré entre filles et garçons et auront un emploi du temps aménagé avec un renforcement horaire de trois heures (3h) hebdomadaires en sciences ».
Les objectifs poursuivis sont multiples : promouvoir l’équité, valoriser les talents scientifiques dès le collège, orienter progressivement les élèves vers les séries scientifiques, renforcer les apprentissages dans un cadre structuré, stimuler l’intérêt pour les sciences, réduire les inégalités de genre et transformer les représentations sociales. L’ambition est en outre de favoriser l’émergence de vocations scientifiques. Ces classes permettront de consolider les acquis en mathématiques, en physique-chimie et en technologie.
L’admission des élèves se fera sur la base des résultats scolaires de l’année précédente en mathématiques, physique-chimie et technologie, ainsi que sur leur motivation, évaluée à travers un entretien ou un formulaire simplifié, et après autorisation des parents ou tuteurs.
Les classes expérimentales bénéficieront d’un emploi du temps renforcé de trois heures : mathématiques, physique-chimie-technologie et travaux pratiques.
Les élèves inscrits dans ces classes devront obligatoirement participer aux activités du club de sciences de leur établissement et effectuer, une fois par trimestre avec leurs enseignants, une visite pédagogique dans un centre de recherche ou un laboratoire, afin de s’imprégner de la réalité scientifique et technologique.
Quant aux enseignants affectés à ces classes, en particulier dans les disciplines scientifiques, ils devront justifier d’au moins cinq années d’expérience et avoir été formés au dispositif. Ils bénéficieront d’un encadrement pédagogique assuré par les inspecteurs et les chefs d’établissement. Un kit de sciences et du matériel didactique adapté seront mis à la disposition de chaque classe.
L’accès universel à l’école et l’égalité des sexes font partie des 17 objectifs de développement durable, des objectifs fondamentaux pour assurer le développement du pays. Le Togo se donne avec cette mesure les moyens de rendre l’école réellement universelle et surtout de démythifier les sciences auprès des apprenants, dans un monde où la robotique, l’intelligence artificielle, l’ingénierie ou les sciences pures transforment le monde.