Des milliers de familles burkinabè ont trouvé refuge au Togo contraignant le gouvernement togolais et le Haut Commissariat des Nations Unies (HCR) pour les réfugiés à trouver des solutions durables. Ce dernier avait mené une étude de profilage socio-économique qui permet de mieux connaître les conditions de vie, les défis et les aspirations des ménages réfugiés dans le nord du pays. Imagine Demain revient sur certains aspects de ce rapport.
Le rapport de l’institution onusienne, dont nous avons retrouvé un livret, publié en juin dernier, dresse un profil socio-économique approfondi des réfugiés burkinabè.
« Le Togo, bien qu’historiquement périphérique aux schémas régionaux de déplacement, accueille aujourd’hui une importante population déplacée de force en raison de l’aggravation de l’insécurité le long de sa frontière nord », précise le bureau du HCR dans ce rapport mené dans le cadre d’un projet régional auquel sont également associés le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), le Programme alimentaire mondial (PAM), et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), avec l’ appui financier de l’Union européenne.
En février 2025, précise le rapport, « il y avait 51 204 personnes déplacées de force au Togo, dont 47 571 réfugiés (93 %) et 3 633 demandeurs d’asile (7 %) ».
Le Togo accueille ainsi plus du double du nombre de réfugiés présents dix ans plus tôt : 20 817 en 2014, selon des chiffres retrouvés dans les archives par la rédaction d’Imagine Demain. Le nombre de réfugiés a même quadruplé en quinze ans, puisqu’ils n’étaient que 11 848 en 2010.
Le défi d’une réponse axée sur le développement
Le rapport du bureau onusien fait remarquer que «le gouvernement togolais et ses partenaires, y compris le HCR, ont donné la priorité aux efforts visant à promouvoir la résilience et des solutions durables pour les réfugiés et leurs communautés d’accueil ».
Au Togo, la Coordination Nationale d’Assistance aux Réfugiés (CNAR) est le service chargé de l’accueil et l’assistance des demandeurs d’asile et des réfugiés. Avec l’appui technique de ce service et des partenaires comme le HCR et la Banque mondiale, le gouvernement togolais, « poursuit une transition de l’aide humanitaire à une inclusion à long terme axée sur le développement dans cette région des Savanes ».
Les autorités togolaises appuient leurs actions sur des programmes nationaux notamment le Programme d’urgence de résilience et de renforcement de la sécurité des communautés (PURS).
Une population dominée par les femmes, plus confrontées à des difficultés
Les femmes et les enfants constituent l’essentiel de la population réfugiée dans le nord du Togo. « La majorité des ménages (55%) sont dirigés par des femmes, et 45% sont dirigés par les hommes ».
Ces ménages gérés par les femmes sont les plus exposés à la vulnérabilité : certains étaient confrontés à l’insécurité alimentaire, à l’insuffisance de revenus comme à l’accès au crédit.
Selon les enquêteurs, les femmes déplacées, assurent seules le soutien économique de leur ménage, ce qui accroit leur niveau de vulnérabilité à cause de leurs difficultés d’accès aux soins, aux ressources, aux opportunités génératrices de revenus, et aux services de base. Seuls 32 % des réfugiés avaient une pièce d’identité officielle au moment de l’enquête, or, explique le rapport, la documentation est un outil essentiel à l’amélioration de leur sécurité alimentaire, de leurs revenus et de l’accès aux services.
Intention de retour
S’agissant de l’intention de retour, les enquêteurs parlent d’une vision très fragmentée de la population réfugiée, sans prédominance d’une unique trajectoire de retour. Bien que certains ménages envisagent de retourner dans leur pays d’origine, d’autres planifiaient de s’installer dans la durée au Togo, comme le montre l’étude. « Environ 27,4 % des ménages ont exprimé le désir de retourner dans leur pays d’origine au cours des six prochains mois, tandis que 25 % n’ont déclaré aucune intention de rentrer. Dans le même temps, 27 % ont exprimé leur intention de rentrer dans un délai d’un an, et 21,9 % ont prévu de rentrer dans les cinq ans ».
Vulnérabilité et résilience
Si « les résultats de ce profil socio-économique mettent en évidence les défis urgents et croisés auxquels sont confrontés les ménages de réfugiés au Togo», ils recommandent derenforcer l’accès à la documentation, d’ élargir les possibilités de moyens de subsistance inclusifs, d’ intensifier les programmes de sécurité alimentaire et nutritionnelle, de promouvoir l’inclusion financière par le biais de modèles mobiles et communautaires, d’ investir dans des programmes sensibles au genre et améliorer les systèmes de données pour les populations déplacées.
« De nombreux ménages, note-t-on de l’analyse des données, envisagent une résilience à long terme.». « L’engagement du Togo dans le Pacte mondial sur les réfugiés en conformité avec ses stratégies nationales de développement constitue une base pour que « des solutions durables soient ancrées non seulement dans la protection humaine, mais aussi dans des voies de développement qui favorisent l’autosuffisance, réduisent la dépendance et renforcent la cohésion sociale avec les communautés d’accueil », soutiennent les enquêteurs.

